4G, portabilité, régulation, numérique,... : L’ARTP déconnectée de ses pouvoirs

L’essentiel des charges qui devaient lui revenir, en particulier les dossiers stratégiques de la 4G et de la transition de l’analogie au numérique, lui ont été arrachés. Quant à la régulation, elle semble avoir disparu devant la volonté de la Sonatel. D’où la question de savoir à quoi sert encore l’Artp.
L’annonce hier, par les médias, d’une augmentation des tarifs des appels entrants par les opérateurs de téléphone, en a ajouté à la pression sur l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp). Avérée ou pas, cette nouvelle est venue mettre une pression supplémentaire sur l’Artp, dont plusieurs personnes aussi bien à l’intérieur de l’agence qu’en dehors, commencent à se demander si, sous le magistère de son Dg Abdou Karim Sall, elle ne ressemble pas de plus en plus à un bateau ivre.
En effet, avant cette annonce de hausse des tarifs, qu’elle n’a pas été en mesure, dans la journée d’hier, de confirmer ou d’infirmer la réalité, l’Artp était déjà secouée par le désaveu qu’elle a essuyé dans le cadre de la gestion de la licence 4G, qui lui a été retirée pour ne pas avoir su, pendant plus d’un an, faire aux autorités politiques des propositions réalistes de cession. Cette incapacité à soumettre à l’Etat une proposition de prix pour cette licence, avait d’abord conduit les autorités à prolonger gratuitement les périodes d’essai de la 4G, avant qu’elles ne se résolvent à en suspendre l’utilisation à la fin de mars.
Mais à côté de cela, l’Artp se retrouve petit à petit mise à l’écart de certains dossiers qui, théoriquement, relevaient pleinement de ses compétences, mais dont semble s’être désintéressé son nouveau directeur. Il y a le cas de la transition de l’analogique vers le numérique. L’Artp a été dépossédée de tout pouvoir et de toute autorité dans ce dossier, qui a été confié au Comité national de pilotage de la transition de l’analogique vers le numérique (Contan), dirigé par le patron de presse Babacar Touré.
La portabilité promise pour mars 2015
Outre cela, il y a le dossier de la portabilité du téléphone. Ce dossier de la portabilité, mécanisme qui permet à tout usager de téléphone, de changer d’opérateur de téléphone sans pour autant changer de numéro, aurait, selon les déclarations des dirigeants même de l’Artp, bien avancé. Lors de sa cérémonie de départ, l’ancien Dg de l’Artp, M. Abou Lô, avait assuré en juin 2014, que le processus devant conduire au choix du prestataire devant gérer la plateforme unique était très avancé, et devait aboutir à l’entrée en vigueur de la portabilité au mois d’octobre. Quelques temps après, le nouveau Dg Abdou Karim Sall assurait lui que c’est en juillet seulement que le processus de mise en place de la portabilité avait été lancé, et qu’au premier trimestre 2015, celle-ci deviendrait effective. Depuis, toujours rien.
Interpellé sur la question, le service de communication de l’Artp, a affirmé que le dossier de la portabilité était «bien avancé» et que l’Autorité attendait l’avis de la Dcmp pour décider de l’identité du prestataire indépendant.
Ce que Sonatel veut
Quoi qu’il en soit, de manière générale, l’atmosphère ces jours-ci, au sein de l’Artp, n’est pas à l’euphorie. Nombre d’agents se plaignent d’une gestion qui semble plus mue par des intérêts politiciens ou corporatistes, que de ceux de la Nation. Même les hauts cadres ont le sentiment de ne plus être consultés quand il s’agit pour le Directeur de prendre des décisions concernant l’orientation politique de la boîte. D’autres, sans doute pour rappeler que M. Abdou Karim Sall est un ancien de la Sonatel, ont le sentiment que l’immobilisme actuel dans beaucoup de dossiers, est dû au fait que le Dg ne veut pas aller à l’encontre des desiderata de la Sonatel. Ils rappellent ainsi que Orange n’a jamais caché son hostilité à la portabilité, ainsi d’ailleurs qu’au contrôle du flux des appels. Et sur tous ces points, comme quand Orange s’était permis de bloquer viber et whatsapp, l’Artp a fait le dos rond au lieu de sanctionner.
Comme pour montrer encore qu’il ne tient quasiment pas compte des avis de ses cadres, M. Abdou Karim Sall a pris d’un seul coup, une quarantaine de stagiaires, dont on dit qu’ils proviennent tous de sa base politique. Personne parmi les agents ne sait à quoi ils sont destinés, mais tout le monde sait qu’ils sont payés par l’agence…
La direction de l’Artp nous avait promis hier de réagir aux interrogations du journal. Jusqu’à l’heure du bouclage, personne dans l’agence n’avait plus contacté Le Quotidien.

Source : Le Quotidien

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