Sa voix était célèbre dans toute la France, associée à ce message puissant, ce cri d’espoir : « la base virale VPS a été mise à jour ». Olga Lauga, 44 ans, s’est éteinte ce matin au CHU de Reims. Ironiquement, c’est une infection virale qui l’aura terrassée prématurément.
La meilleure voix-off de sa génération
Mais qui était Olga Lauga ? Alors qu’elle s’éteint, on commence tout juste à découvrir l’immense héritage que la grande dame a laissé derrière elle. Née d’un père ukrainien et d’une mère française, Olga Lauga connaît une enfance difficile. Elle obtient malgré tout un bac littéraire mention très bien et intègre alors l’Institut Français de la Voix-Off, à Tours. Elle fait ses classes avec des grands noms comme Jacques-Yves Tabouret (voix-off des Zamours), Ludivine de Fallope (la « petite voix » de C’est pas Sorcier) ou encore le légendaire Gérald Chibrette (générique d’introduction de la série « Le Rebelle »). Sortie major de promo, Olga Lauga fait alors le choix, très audacieux pour l’époque, de se tourner vers le secteur informatique. Adibou, Mortal Kombat (le fameux « Fatality » : c’est elle !), Street Fighter (le milieu l’appellera « Chun Li » pendant des années), Lauga enchaîne les prestations de haute volée.
Le déclic de souris
Malgré son talent époustouflant, Olga Lauga ne perce pas : la faute à un milieu extrêmement machiste et à une vision du métier en avance sur son temps, selon son biographe William Craquier. « Olga, c’était une martienne. Elle savait avant tout le monde ce que les gens voulaient entendre et comment ». Elle obtient enfin la reconnaissance en 2002. La marque Avast lance à cette époque un immense championnat de vocalistes offisants pour débusquer LA voix de son nouvel antivirus. Lauga écrase la compétition avec, en finale, une imitation de Laurent Gerra qui imite Fernandel qui parle arabe avec un coup dans le nez. On l’étudie encore dans les écoles.
La rançon du succès
Vient alors le temps du succès et de la descente aux enfers à la fois. Son interprétation de « la base virale VPS a été mise à jour », considérée comme un chef d’œuvre inégalé par le milieu, devient paradoxalement une immense source de détestation en France. Trop anticonformiste ? Trop d’émotion dans la voix ? Sans doute un peu des deux. « Il y a un peu de Beethoven, une pointe de Charles De Gaulle et beaucoup de Marie-Anne Chazel dans cette voix » disait joliment Valéry Giscard d’Estaing. Las : Olga Lauga n’en finit plus d’agacer la France. Des groupuscules radicaux se créent même autour d’un objectif avoué : mettre à mort Lauga. Elle doit changer de nom et d’adresse. Elle met fin à ses activités professionnelles. Enfin riche et célèbre, Olga entre pourtant en dépression profonde et vit reclus dans un T2 à Reims, sous protection policière. Sa santé décline à vue d’œil. C’est sans grande surprise qu’elle attrape un virus ravageur l’été dernier, qui aura raison d’une Olga peu combattive. « Gâchis ». C’est le mot qui revient à la bouche de tous ceux qui l’ont connu. « Insupportable », aussi.
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